Sur mon long-métrage, le courant est passé immédiatement avec toi comme script-doctor. Le fait que mes idées soient toujours au centre du projet est pour moi la clé du succès de la collaboration. L’enjeu a toujours été de les améliorer, pas de les changer et donc je me suis senti écouté et respecté.
Noureddine Zerrad (Noon) : collaborer avec des co-scénaristes et des script-doctors
Réalisateur, scénariste
lescenario.fr : Noon, tes aspirations te portent vers la réalisation. Qu’est-ce qui t’a dès lors amené – voire contraint – de te mettre au scénario ?
Noureddine Zerrad – Noon : J’ai tout simplement pris conscience de mes limites en la matière. A un moment il faut être honnête avec soi-même. Si on veut raconter quelque chose qui a du sens, il faut améliorer son écriture. En fait, les étapes ont été similaires pour mon apprentissage du son, de l’image, du montage. J’ai appris le scénario en essayant, en observant, en analysant et en acceptant de me faire accompagner.
C’est d’ailleurs mon producteur, Stéphane Lhoest, de Dragons Films, qui m’a fait rencontrer plusieurs professionnels de l’écriture. Avec eux, scénaristes et script- doctors (hommes et femmes), j’ai chaque fois appris quelque chose de nouveau, de différent. D’ailleurs j’ai déjà beaucoup plus confiance en mes capacités d’expression dramatique qu’il y a quelques années.
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lescenario.fr : Tu travailles sur un projet de long-métrage en ce moment. A quel stade se trouve-t-il aujourd’hui ?
Noureddine Zerrad – Noon : En effet, suite à la réalisation de mon court-métrage Vulnérable, j’ai senti que j’avais encore des choses à dire. J’ai donc développé cette histoire de jeune femme qui rêve de faire carrière dans le MMA en approfondissant le sujet. Ce parcours est très personnel et intime pour moi et a nécessité un travail de longue haleine.
Avec le producteur, une co-scénariste puis avec toi comme script-doctor, nous avons travaillé plus d’un an. Aujourd’hui, dans sa troisième version, le scénario a pris une direction très proche de mes intentions de départ. Nous allons le présenter sous peu à la commission pour espérer pouvoir entrer en développement fin d’année.
lescenario.fr : Pour un auteur, partager son travail d’écriture n’est pas toujours évident. Comment as-tu vécu cette expérience ?
Noureddine Zerrad – Noon : Je dirais que j’ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes. Partager, échanger, apprendre, malgré les différences de points de vue, de culture, est quelque chose qui m’a toujours été naturel. Mais il faut être en phase avec la ou les personnes pour que cela fonctionne.
Sur mon long-métrage, le courant est passé immédiatement avec toi comme script-doctor. Le fait que mes idées soient toujours au centre du projet est pour moi la clé du succès de la collaboration. L’enjeu a toujours été de les améliorer, pas de les changer et donc je me suis senti écouté et respecté.
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lescenario.fr : Au-delà de l’expérience humaine, qu’est-ce que cette collaboration t’a apporté concrètement ?
Noureddine Zerrad – Noon : Je dirais que, surtout, cela m’a obligé à consacrer du temps au scénario. Ce qui, crois-le ou non, n’est pas très naturel pour moi ! Quand je travaille sur mes projets, de commande ou personnels, je suis seul à gérer mon agenda. Avec un long-métrage, je m’engage auprès d’un producteur, qui met les moyens humains et financiers, et un scénariste. Il est donc primordial que je respecte des règles de suivi, d’implication dans le travail. Chacun de nous a sa vie, ses occupations, ses priorités. Il faut donc que je sois prêt, au pied levé dès qu’une séance de brainstorming s’impose.
Ensuite, j’ai dû me plier à un travail par étapes : les 3 actes, le séquencier, le traitement, la continuité dialoguée…. Aujourd’hui je comprends les raisons pour lesquelles il faut passer par ces moments clés. Je sais ce qu’ils révèlent, ce qu’ils m’apprennent. Je ne dis pas que je pourrais écrire seul un scénario de bout-en-bout. Mais désormais, avant de soumettre un projet à qui que ce soit, je ferai ce travail de mon côté. Je serai ainsi mieux préparé, plus crédible et donc mieux reçu aussi par les professionnels.
Bref, le scénario n’est plus cette chose inaccessible, comme un frein entre moi et la concrétisation d’un film. Grâce au travail avec les scénaristes et script-doctors j’ai intégré la technicité, la science du travail d’écriture. J’ai appris à développer un axe dramatique, à mieux comprendre mes personnages. Grâce à cette confrontation à l’autre, j’ai pris conscience du fait que rien dans un film n’est gratuit. En fin de compte, j’ai senti que cela allait m’aider à être meilleur réalisateur en maîtrisant mieux mon sujet. C’est peut-être là le plus important !
lescenario.fr : Penses-tu qu’à l’avenir tu feras encore appel à des collaborateurs, consultants ou co-scénaristes pour tes projets ?
Noureddine Zerrad – Noon : Si j’en ai les moyens, sans hésitation ! Pour moi, cette aventure a quelque chose de magique. C’est de l’apprentissage permanent. A chaque fois, c’est une opportunité pour moi d’attaquer un aspect précis d’un projet. Voire de faire sauter un blocage personnel car, seul, il m’est très difficile de répondre à toutes les questions. Surtout lorsque le sujet est intime. Avec un script-doctor comme premier public, j’aborde certaines thématiques pour m’assurer de la manière dont elles sont perçues. Sans peur, sans équivoque, avec la certitude d’avoir un retour qui renforce mes convictions ou qui nécessite une adaptation.
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Noon est l’un des membres fondateurs de In2out Productions : https://in2outprod.com/